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Tunisie : Kaïs Saïed refuse les « diktats du FMI qui conduisent à davantage d’appauvrissement »

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Tunis avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars. Peu de progrès ont néanmoins été accomplis dans la mise en œuvre des réformes qui devaient accompagner ce plan de sauvetage. 

Le président tunisien Kaïs Saïed a rejeté, jeudi 6 avril, les « diktats » du Fonds monétaire international qui conditionne le décaissement d’un programme d’aide de 1,9 milliard USD à son pays, à des réformes économiques portant notamment sur la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation des entreprises publiques.

« En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables (…). Ils [Les bailleurs de fonds, Ndlr.] nous demandent de les écouter. Je n’écoute que Dieu et la voix du peuple », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie marquant le 23ème anniversaire du décès du père de l’indépendance tunisienne, Habib Bourguiba.

« L’alternative est que nous devons compter sur nous-mêmes. Il faut trouver d’autres idées, car la paix sociale n’est pas un jeu ou quelque chose qui peut être pris à la légère », a-t-il ajouté, rappelant les émeutes meurtrières déclenchées en 1984 par l’augmentation du prix du pain.

Le dirigeant tunisien a d’autre part appelé les « pays étrangers » à restituer à son pays les avoirs détournés par les membres de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et ses proches. « Le monde, le FMI doivent comprendre que l’être humain n’est pas qu’un chiffre. Pourquoi l’étranger ne nous rend pas l’argent qui nous a été volé.  Rendez-nous notre argent. C’est l’argent du peuple tunisien », a-t-il lancé.

La Tunisie avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard USD, mais le décaissement de la 1ère tranche de ce prêt n’a pas encore eu lieu, car le gouvernement ne s’est jusqu’ici pas engagé à mettre en œuvre les réformes d’assainissement des finances publiques et à rétablir la stabilité macroéconomique.

En mars, plusieurs responsables européens, dont le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, et le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, avaient mis en garde contre un « effondrement » de la Tunisie susceptible de « provoquer des flux migratoires vers l’Union européenne et d’entraîner une instabilité dans la région MENA [Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ndlr] », tout en invitant les autorités tunisiennes à finaliser le programme convenu avec le FMI.

Tunis semble cependant redouter les tensions sociales que pourrait entraîner la mise en œuvre des réformes liées à la levée des subventions, dans un contexte d’envolée de l’inflation, de grave crise politique et de désaccords profonds avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la puissante centrale syndicale.

Agence Ecofin

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