L’affaire des six kemite ayant soutenu Madou Dembélé, qui avait insulté l’islam en foulant aux pieds le Coran, était au rôle du Tribunal de la Commune IV, hier mardi 31 janvier. Le Procureur a requis trois ans de prison ferme contre le Kemite Doumbi Fakoly Doumbia pour » recel d’infraction », avant de demander l’acquittement des cinq autres inculpés.
L’attitude de Madou Dembélé (en fuite) a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux où les condamnations pleuvaient partout du côté des musulmans. Ecœurés, le ministère des Affaires religieuses et du Culte ainsi que le Procureur général avaient fait un communiqué pour condamner, avec la dernière rigueur, l’acte tandis que le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) a porté plainte.
Ainsi, six personnes ont été placées sous mandat de dépôt, le jeudi 3 novembre 2022. Il s’agit de l’écrivain Doumbi Fakoly Doumbia, Salif Dembélé (frère de l’auteur de l’acte blasphématoire), Diakaridia Traoré alias » Manoko « , Lamine Doumbia dit » Kolokoto « , Aboubacar Keita et Naman Doumbia.
A la barre, les inculpés n’ont pas reconnu les faits à eux reprochés bien qu’ils soutiennent appartenir de près ou de loin à la secte Kemite. C’est seulement Salif Dembélé, qui a soutenu appartenir à la religion musulmane.
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile, Me Mountaga Tall, a démonté le comportement de l’auteur principal en fuite ainsi que les propos tenus par Doumbi Fakoly Doumbia qu’il juge ‘’haineux’’ face à la religion musulmane. Poursuivant qu’il est ‘’très rare de voir une personne s’attaquer ouvertement à l’islam et au prophète Mahomet (Paix et Salut sur lui)’’.
A ses dires, les inculpés n’ont pas eu le courage d’assumer ce qu’ils ont commis devant le jury. Ainsi, il a plaidé pour leur maintien dans les liens de prévention. Car, dit-il, le nommé Doumbi Fakoly perturbe la paix et la quiétude de la population.
Dans son réquisitoire, le parquet a donné une définition de la laïcité qui est la « bonne cohabitation de l’ensemble des religions « . Il a demandé l’acquittement des cinq jeunes à la barre. Expliquant qu’il est la partie poursuivante, il requiert leur relaxe dans les liens de l’infraction au regard des débats.
Pour le cas de Doumi Fakoly Doumbia, il a demandé au jury de le condamner à trois ans de prison ferme. Car, dit-il, ‘’il n’a aucun droit de s’attaquer à la religion musulmane’’.
Pour l’un des quatre avocats des inculpés, le Camerounais Me Massi Ngakele Georgie de Camille, le procès est historique à plus d’un titre parce que le monde entier a les yeux braqués sur l’affaire » Doumbi Fakoly « . Et d’ajouter qu’ils ne sont pas là dans le cadre d’un » procès musulman « . Selon lui, en matière de procès pénal, » c’est l’interprétation stricte de la loi « . Estimant que les éléments constitutifs de l’infraction ne sont pas réunis. A la question de savoir si les inculpés ont apporté un élément pour la commission des faits, ils ont dit non devant le juge.
Pour un autre avocat, » Nous recherchons la preuve. Comment l’auteur principal de la vidéo peut-il disparaître des radars eu égard à l’ensemble des moyens d’un ‘Etat ? «
Cependant, le verdict de ce procès est attendu le 14 février prochain bien qu’il n’ait pas suscité grand monde, hier, comme l’on pouvait le penser. Mais, il y avait dans la salle le premier vice-président du Haut Conseil Islamique (HCIM), El hadj Ibrahim Kontao, le président de Sabati 2012, Boubacar Bah et l’ancien président du Chambre de Commerce, Mamadou Tiéni Konaté.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant