Les paysans maliens font face à la menace d’une espèce de ravageurs qui s’attaquent aux cultures maraichères et au cotonnier. Si rien n’est fait rapidement pour combattre ce fléau, les cultivateurs et l’économie nationale pourraient prendre un coup dur. Déjà, cette espèce nuisible a causé des dégâts importants chez les producteurs de coton. Mais la réponse doit être au-delà du Mali, puisque la même espèce a perturbé la production du coton dans les autres pays de l’ouest africain comme le Togo, le Sénégal ou encore le Bénin.
Or, on sait que le coton joue un grand rôle dans l’économie malienne comme source de devises étrangères après l’or. Selon les responsables du monde rural, l’espèce est déjà connue au Mali et dans le reste de l’Afrique. Mais le drame cette année est que les paysans ont à faire à une variété nouvelle qui résiste aux traitements jadis utilisés pour combattre le danger. Selon les experts, les espèces de jassides les plus fréquentes étaient facilement maîtrisables contrairement à la variété actuelle. Leurs populations sont fort heureusement limitées par la pilosité foliaire des variétés cultivées.
Cette année les paysans maliens ont pu réaliser les plus grandes superficies de coton que le Mali ne soit jamais parvenu à faire. Les autorités ont pu emmener dans les coopératives les plus grandes quantités d’engrais que le Mali n’avait jamais connues. En termes de gestion de la fertilité des sols pour la durabilité de la production, les autorités ont apporté aux paysans les plus grandes quantités d’engrais organiques et de bio stimulants que le Mali n’ait jamais connues. Mais ce sont les ravages du cotonnier par les jassides exacerbés par humidité abondante.
Cela est la seule explication de la chute des productions de coton de la campagne passée au Mali et même ailleurs. Le Mali a une longue tradition de lutte contre ces genres de ravageurs. A en croire les spécialistes, en 1952 certaines lignées de coton présentant des faibles densités de poils avaient été presque totalement détruites par les jassides sur la station de N’Tarla. Ce même phénomène a par la suite été observé à plusieurs reprises, y compris dans d’autres localités comme Farako ou Sougoula dans le sud de la zone cotonnière en 1995 et 1996. Pour les spécialistes, ces observations montrent que ces ravageurs sont potentiellement très dangereux pour les cultures.
Les professionnels sont persuadés qu’il est donc nécessaire de maintenir dans les variétés un niveau de pilosité suffisant pour empêcher leurs attaques. En se nourrissant par des piqûres au niveau des nervures des feuilles, les jassides provoquent des jaunissements des bords du limbe, souvent accompagnés d’un enroulement vers le bas, qui par la suite s’étendent à tout le limbe pendant que les bords rougissent. La feuille finit enfin par se dessécher. Et la photosynthèse de la plante est perturbée par ces attaques et des chutes d’organes fructifères en résultent.
Les scientifiques expliquent qu’une autre espèce de jassides, O. cellulosus, est plus connue au Mali par la virescence florale qu’il transmet. Cette maladie, qui provoque la stérilité des plants puisque tous les organes floraux sont transformés en organes foliaires, reste très spectaculaire mais n’affecte qu’un pourcentage limité de plants. En culture cotonnière au Mali plus de 200 ravageurs ont déjà été répertoriés. Mais dans ce complexe, qui est dominé par les coléoptères et les hémiptères, seules quelques espèces sont réellement très nuisibles.
Soumaila Diarra