Les dirigeants des mouvements signataires de l’Accord pour la paix d’Alger ont amusé la galerie, le vendredi dernier à la Grande Mosquée de Bamako. C’est à travers « une demande de pardon au peuple malien » à peine exprimée et aussitôt démentie par des communiqués officiels des mouvements concernés.
A-t-on encore un minimum de crainte du Dieu Tout-Puissant dans notre pays ? A-t-on encore un minimum d’égard pour la première institution de la République, le président de la République, chef de l’Etat ? Comment peut-on jouer si négligemment avec le destin de toute une nation en lui présentant « des excuses » similaire à une plaisanterie pour plaire ?
En effet, la « prière pour la paix » initiée par le Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), le vendredi dernier à la Grande mosquée de Bamako, a été marquée par une mise en scène permettant à Me Harouna Toureh de la Plateforme de « demander pardon » au peuple malien au nom de son organisation mais aussi de celui de la CMA, les rebelles indépendantistes kidalois !
Cette prestation hautement théâtrale faite dans la maison sainte de Dieu appelle à des interrogations. Ce d’autant que les minutes qui ont suivi cette blague ont permis à l’opinion de se convaincre du manque de sincérité dans le geste.
En effet, dans des communiqués respectifs, la Plateforme et la CMA ont désapprouvé cette intervention dont l’initiative ne vient pas d’eux, les potentiels mandataires. La Plateforme s’insurge contre la démarche unilatérale de Me Toureh, dont le leadership est contesté depuis longtemps par la base du mouvement. L’organisation des groupes d’autodéfense coalisée en 2014 estime du reste qu’elle n’est du reste auteure d’aucune souffrance infligée au peuple malien pour sombrer dans un quelconque acte de contrition. Alors que la CMA fustige le caractère prématuré de cette repentance, qui ne doit être concrétisée que de façon solennelle et concerté dans le cadre de la mise en œuvre de la loi d’entente nationale en vue de réconcilier sincèrement les Maliens.
Mais IBK, qui visait visiblement, guettait la moindre occasion de savourer la satisfaction à tirer du dialogue national inclusif en cours, était aux anges ! Car, pour le chef de l’Etat, le chemin de la réconciliation venait d’être résolument déblayé. «Je suis fier de mon pays, je suis fier de mon pays, je suis fier du peuple malien ! », a-t-il jubilé. IBK a-t-il oublié que c’est par la CMA (MNLA à l’origine) que le loup du terrorisme est entré dans la bergerie malienne ? Le chef de l’Etat a-t-il oublié si vite que ce loup a si cruellement fait du mal à notre pays que quelques mots comme « nous demandons pardon au peuple » ne sauraitsi vite absoudre les atrocités d’Aguel Hoc, de Diouara, de Boulkéssi, de Nampala, de Mondoro, d’Indelimane, etc ?
Par ailleurs, si pardon il doit y avoir, ce n’est pas IBK qui doit l’accorder. Pourquoi alors doit-il, aussitôt ce semblant de repentir balbutié, gloser sur la capacité du peuple malien à se surpasser, à se pardonner ?Comme si les criminels de la CMA étaient déjà pardonnés ? Trop facile de prendre les armes contre son pays, de tuer, de massacrer, de violer pendant des années et finir un vendredi par exprimer un semblant de regret du bout des lèvres, du moins les moins autorisées.Et comment peut-on demander pardon à un peuple qu’on continue de narguer en parlant d’une fantomatique République voisine dont la capitale seraitle chef-lieu de la huitième région du Mali ? Drôle de poudre d’un lugubre…Papa Noel jetée dans les yeux d’IBK ? Wait and see !