La crise économique internationale née de la guerre russo-ukrainienne n’épargne pas le Mali. Le secteur économique et ses acteurs souffrent le martyre.
Il devient aujourd’hui une vérité de Lapalisse de dire que le Mali vit un marasme économique sans précédent. Plusieurs facteurs combinés expliquent cela : la guerre contre le terrorisme qui a fait que les dépenses du Trésor public sont orientées prioritairement vers les dépenses militaires, l’arrêt d’appuis budgétaires de la part de la France et ses alliés, le rétrécissement des flux financiers de la Bcéao vers les banques primaires, mais, surtout la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Toutes ces raisons sont combinées aux aléas de la crise mondiale dont notre pays ne peut pas se départir.
Les milieux d’affaires le murmuraient, mais les conséquences de la crise se font sentir jour après jour. Acteurs économiques, autorités et citoyens lambda, la crise n’épargne personne. Des banques qui demeurent les principaux bras financiers des opérateurs économiques n’en peuvent plus. Du fait d’avoir accumulé des milliards de créances en souffrance, plusieurs d’entre elles ont arrêté de financer de nouveaux clients pour les traites ou autres prêts. Seuls quelques anciens clients privilégiés parviennent à tirer leur épingle du jeu.
Quid de l’Etat ?
L’Etat lui-même n’est pas mieux loti. Emprunts obligataires se succèdent avec des fortunes diverses. Tous ces emprunts obligataires visent en réalité à faire face à des dépenses d’urgence essentiellement. Même si les services de l’assiette (douane, impôts, domaines, etc.) font de leur mieux pour réaliser des chiffres record au profit du Trésor public, le système est grippé.
La morosité du circuit financier est l’une des raisons. On n’a pas besoin d’être un économiste, pour savoir que cette situation s’explique par des difficultés endurées par les commerçants et imposables à faire face à leurs obligations même vis-à-vis de leurs partenaires. Ces derniers n’entendent plus jouer le jeu. Ils exigent de l’argent frais pour satisfaire toute nouvelle importation.
Si le fonds manque le plus dans notre pays, il va de soi que la dette intérieure grimpe, depuis deux à trois ans. Une autre conséquence fâcheuse de ce blocage de la dette intérieure est la descente aux enfers des opérateurs économiques qui traitent la commande publique.
Certains, qui se sont endettés au niveau de leurs banques partenaires pour honorer des commandes, peinent à encaisser leurs investissements. Leurs factures restent impayées. Ils croulent sous le poids des agios et autres pénalités.
A quand le bout du tunnel ? A quand la fin de la guerre Russie-Ukraine ? Difficile d’y répondre à condition que le Trésor public redevienne liquide.
Abdrahamane Dicko