La lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption demeure un combat de longue haleine au Mali. Pour davantage édifier la lanterne du public, le président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, le Dr. Moumouni Guindo s’est, via le plateau de l’ORTM, récemment penché sur la problématique. Il revient sur les causes et les facteurs de la corruption en invitant les uns et les autres à s’impliquer pour l’enraiement du fléau.
L’Etat du Mali et les autorités actuelles sont engagés contre l’enrichissement illicite et la corruption. Le Dr .Moumouni Guindo l’a témoigné lors de son intervention, la semaine dernière, sur le plateau de l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM). Sur la chaine nationale, le responsable tenait à préciser que la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite est un combat de longue haleine important l’implication de tous les Maliens. La lutte contre la corruption ne se limite pas seulement qu’à des investigations, des enquêtes et à des déclarations des biens. Dans la lutte contre la corruption, le plus important consiste à informer et sensibiliser la population. Lutter contre ce fléau, c’est contribuer à l’éducation des couches populaires. C’est amener chacun et chacune à comprendre que la corruption est un phénomène dangereux et que chacun a un rôle à jouer, prodigue le président de l’OCLEI. Certes il y a l’aspect enquête dans la lutte contre la corruption, mais l’aspect le plus important est de sensibiliser les gens, voire de faire de chacun un Mayon de la lutte. Le travail de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite consiste, d’après lui, à alors informer et sensibiliser les uns et les autres sur ce fléau. La structure a comme rôle de communiquer et de contribuer à l’éducation des masses populaires contre la corruption. Aussi, va-t-il poursuivre, l’OCLEI contribue au fonctionnement de la justice à travers des enquêtes. L’Office développe la coopération à travers des concertations entre les structures régionales, sous régionales et internationales. Aussi, a-t-il confié, l’OCLEI mène des études sur les causes de l’enrichissement illicite au Mali, voire sur les différentes déontologies. « L’étude que nous avons menée sur la déontologie révèle qu’il y a une vingtaine de déontologies. Mais ces textes ne sont pas connus et les manquements ne sont pas du tout sanctionnés ». « Notre étude menée sur les facteurs de l’enrichissement illicite au Mali révèle qu’il y a des facteurs juridiques, judiciaires, économiques », étaye le Dr. Guindo. S’y ajoutent les facteurs sociopolitiques qui font que les agents publics cèdent à la tentation de l’enrichissement illicite et de la corruption, dit-il. Le concept d’enrichissement illicite était méconnu il y a six(6) ans. Mais ce concept est, de nos jours, devenu régulier grâce aux différentes sorties médiatiques et aux dénonciations. Cela veut dire qu’il y a un déclic qui est fait aujourd’hui, et que chaque citoyen est en train de se voir en mission contre ce phénomène. Que chaque citoyen se sente interpellé, concerné et en mission dans la lutte contre la corruption, conseille l’invité de l’ORTM.
La corruption à la fois tributaire du terrorisme et source d’une vraie gangrène !
« Selon la loi malienne et les textes internationaux, explique Moumouni, l’enrichissement illicite est la situation d’un agent public qui a un patrimoine qui n’a pas de rapport avec son revenu légitime ». En allant avec cette hypothèse de base, un agent public doit vivre avec les revenus officiels que lui procure son activité professionnelle. Si vous avez des revenus et des situations patrimoniales différents, vous devez être en mesure de les expliquer et de les justifier. Lorsque vous avez, en tant qu’agent public, un train de vie qui n’a pas de rapport avec votre revenu officiel, vous pouvez être invités à expliquer les sources de revenus qui vous permettent d’avoir ce train de vie .Se référant aux textes sur les statuts de la fonction publique et les statuts particuliers du pays, le président de l’OCLEI rappelle qu’un agent public doit pouvoir vivre principalement de ses revenus légitimes. C’est lorsqu’il n’y a aucune justification que la justice entre en voie de condamnation contre la personne. Le fonctionnement de la justice est, selon lui, cardinal dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. D’après lui, c’est la corruption qui est une vraie gangrène. Elle empêche, dit-il, le développement socioéconomique du pays, affecte la vie sociale du peuple. La corruption peut même être à l’origine du terrorisme. La corruption, de manière générale et au Mali en particulier, est un facteur dans la déflagration du terrorisme, estime le président Guindo. Une étude menée par un jeune montre que ce n’est pas forcement pour des raisons religieuses qui incitent les jeunes à se livrer au terrorisme, mais ce sont plutôt des facteurs économiques, la mauvaise gestion ou gouvernance qui les poussent. Ce qui fait que la corruption a un lien avec le terrorisme et la criminalité transfrontalière, confie le responsable.