La communauté internationale a célébré, le 03 mai 2023, la Journée mondiale de la liberté de presse sous le thème « La liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme ». Au Mali, cette édition qui marque le trentième anniversaire de ladite journée a été célébrée sous le thème : « Façonner un avenir de droits : la liberté d’expression comme moteur de tous les droits de l’Homme ». Comme chaque année, Reporter Sans Frontières a publié en même temps son classement mondial de la liberté de la presse. Et c’est la Norvège qui conserve, pour la 7e année consécutive, la tête du classement, suivie de l’Irlande (2e) et du Danemark (3e). Selon le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de Reporters sans frontières, sur le continent africain, dont le trio de tête africain est composé de la Namibie 22e mondial, l’Afrique du Sud 25e et le Cap-vert 33e, la pratique du journalisme est estimée difficile dans près de 40 % des pays et problématique dans plus de 45 %. Le Mali qui occupait la 99ème place, en 2021, est passé à la 111ème position en 2022. Classé 113e sur 180 pays en 2023, le Mali perd ainsi 2 places dans le classement mondial de la liberté de la presse, ce malgré ses 200 journaux environ, plus de 500 radios et plusieurs dizaines de chaînes de télévision. Les cas de disparition, d’enlèvement et les enquêtes interminables sur la mort de certains journalistes semblent passé par-là. Et alors que les enquêtes sur la disparition et la mort de Birama Touré sont au point mort, on est toujours sans nouvelles de Hammadoun Nialibouly de la radio Dande de Douentza, enlevé en 2020, de Moussa Bana Dicko, directeur des programmes de la radio Hairé de Boni, dans la région de Mopti, enlevé en avril 2021 et de Sory Koné, directeur des programmes de la radio Danaya de Farakop, dans la région de Ségou, enlevé le 26 janvier 2023. Le 6 avril dernier, le directeur de publication du journal “Le démocrate” a été enlevé à Bamako, puis libéré quatre jours plus tard sous la pression des journalistes et des organisations faitières de la presse.
En plus des enlèvements pouvant se terminer par une disparition définitive, les journalistes, qui couvrent les conflits violents, la corruption ou qui touchent aux tares des autorités en place, sont l’objet d’intimidation, de pressions et d’accusations mensongères en toute impunité, notamment sur les réseaux sociaux afin de les livrer au verdict populaire. Pire, pour ceux qui saisissent la justice, on assiste à la médiation pénale ajoutée de façon tacite à l’ordonnancement juridique de notre pays. De novembre à décembre 2022, la chaîne Joliba TV a été suspendue par la Haute autorité de la communication (HAC), après la diffusion d’un éditorial jugé critique envers les autorités. Conséquence : les journalistes se sont imposés une autocensure qui ne dit pas son nom dans le traitement de l’information, au détriment de leur devoir d’informer les populations et du droit du public à l’information.
S’y ajoutent la précarité et l’avènement des Web Tv animé par des activistes dont la plupart ont échoué dans des rédactions de presse de la place, pour défaut de niveau. Malheureusement, ce sont eux qui ont la primeur de la communication institutionnelle. Toutes choses qui mettent en péril le métier de journalisme pour le plus grand bonheur des autorités vraisemblablement allergiques aux critiques.