La plaie de la transition est sans nul doute l’exécutif qui peine à trouver des solutions aux problèmes les plus élémentaires, à fortiori aux priorités les plus récurrentes du peuple. La crise sécuritaire avec son lot d’attaques, de déplacés internes et externes, ensuite la crise énergétique avec des délestages quasi quotidiens, la crise alimentaire avec une menace sérieuse sur la population qui broie déjà du noir, quid de l’état défectueux des routes et du chemin de fer, entravant la circulation des personnes et de leurs biens.
Que dire de la crise financière sans précédent, avec un déficit budgétaire jamais égalé dans notre pays. Comment expliquer l’arrêt des grands chantiers de développement, si ce n’est pas par faute d’argent. A ces crises il faudrait ajouter celles liées à l’école avec des lots de grèves des enseignants, des élèves et des écoles privées, ensuite la crise au niveau de la santé où les deux principaux hôpitaux pourraient aller en grève illimitée sans que cela n’émeut aucune autorité. La liste est loin d’être exhaustive et le coupable ne pourrait être que le gouvernement qui semble montrer toutes ses limites, face à la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis le coup d’Etat de 2020. Le Président de la transition va-t-il enfin se réveiller et éconduire cette équipe qui a montré toutes ses limites ? Assimi Goïta va-t-il vouloir se sauver sans la République ?
Le capital confiance dont jouit encore Assimi Goïta a pris des sérieux coups, pour ne pas dire qu’il est sur le point de s’effondrer totalement, face aux multiples crises auxquelles le peuple est confronté. Crises, qui certes ne datent pas de maintenant, mais qui se sont fortement exacerbées sous la transition faute de solutions appropriées et même de vision anticipative. Le seul domaine qui semble connaitre un petit ouf de soulagement, surtout sur le plan matériel, est bien entendu la défense et la sécurité. Des aéronefs ont été acquis tout comme d’autres types d’armes comme les drones. Il reste à engranger des résultats positifs sur le terrain au grand bonheur des populations sinistrées et prises en otage. Ce qui semble se faire timidement au point que certains commencent à voir aux différentes déclarations de la cellule de communication de l’armée, une sorte de propagande ou de show médiatique. Nonobstant ces petites remarques, le moral des troupes est au beau fixe et les FAMA sont en train « de monter en puissance ». Sinon tous les autres secteurs souffrent véritablement.
Les finances se portent mal avec un déficit budgétaire énorme, et un trésor qui ne se limite qu’au paiement des salaires de 115 000 fonctionnaires et surtout la satisfaction des besoins de l’armée. Le département en charge de l’énergie est incapable d’assurer la desserte en énergie de la population. De sources bien introduites, l’EDM-sa croupirait sous une dette abyssale qui avoisinerait les 300 milliards. Cette crise de trésorerie semble expliquer les coupures intempestives et quasi générales de courant. Quant au ministère des travaux publics et des infrastructures, il semble se complaire dans du sur place au lieu d’avoir une vision globale et chercher les moyens qu’il faut pour atteindre les objectifs. Les routes sont en mauvais état et le chemin de fer agonise toujours. L’état défectueux des routes joue négativement sur la fluidité des marchandises et sur la libre circulation des personnes et de leurs biens. Les départements de l’Education et de la Santé ne se portent pas mieux que celui des infrastructures. Ils sont eux aussi embourbés dans une crise sans précédent. En effet, les enseignants de tous les ordres d’enseignement se rivalisent d’ardeur en grèves et en arrêts de travail tantôt pour des revendications salariales, tantôt pour des primes déjà dues, mais qui restent impayées par l’Etat. Que dire de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali, AEEM, qui débraillent les classes à tout bout de champ. S’agissant du domaine de la santé, c’est une première au Mali que les syndicats des deux plus grands établissements hospitaliers observent une grève illimitée pour leurs droits. Que dire du département des sports où les joueurs sont souvent confrontés à un problème de paiement des primes ou même pris en otage à l’hôtel pour non-paiement des frais de séjour, toutes choses qui jettent l’anathème sur un pays qui se dit souverain et un peuple descendant des fiers guerriers et des rois qui ont préféré la mort à la honte. Le hic est que le ministre en charge des sports a organisé une grande manifestation de soutien à Assimi Goïta, au moment où les joueurs n’ont pas encore perçus leurs primes, tout comme l’entraineur et l’encadrement qui cumulent des mois d’arriérés de salaires non payés. Le Président de la transition doit sortir de sa torpeur pour donner un nouveau souffle à l’exécutif. Sa somnolence a trop duré alors qu’il ne reste plus qu’un an de transition. Il doit prouver aux maliens qu’il a une grande capacité à gouverner ce pays au-delà des slogans. Il doit éconduire cette équipe gouvernementale s’il veut réussir sa mission, dans le cas échéant le réveil sera brutal pour lui.