Le Gouvernement du Mali a produit, le mercredi 25 janvier, un Mémorandum en réaction au rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, couvrant la période du 04 octobre au 29 décembre 2022. Dans le document, le Gouvernement du Mali dit saluer l’approche du Secrétaire général qui, dit-il, « en reconnaissant les défis qui jalonnent le processus de paix, met en avant les progrès réalisés par les autorités de la transition aux plans politique, sécuritaire, institutionnel, des droits de l’homme ainsi que dans la mise en œuvre de l’Accord ».
Le gouvernement a rendu public, le mercredi dernier, un mémorandum en réaction au rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU sur la situation au Mali. Cela, conformément aux dispositions de la résolution 2640 (2022) portant sur le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA). Le rapport du Secrétaire général de l’ONU, en l’occurrence Antonio Guterres est articulé, selon le gouvernement, sur quatre points à savoir le plan politique, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la situation sécuritaire ainsi que la situation des droits de l’Homme au Mali.
Sur le plan politique, le Gouvernement du Mali dit avoir apprécié que le Secrétaire général reconnaisse les progrès politiques réalisés durant la période sous examen et les efforts en cours en vue de parvenir à un large consensus autour de l’adoption de la nouvelle Constitution et de certaines questions relatives au processus électoral. « Il s’agit singulièrement de la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) et de la révision du fichier électoral, concernant les modalités de vote des personnes déplacées internes, des réfugiés et des forces de défense et de sécurité maliennes qui assureront la sécurité des élections, de même que la mise en place des bureaux de coordination de l’AIGE au niveau des circonscriptions électorales », rapporte le mémorandum.
En réponse à la préoccupation du Secrétaire général de l’ONU affirmant que « les parties prenantes maliennes ont exprimé des réactions variées sur le processus et le contenu du projet de Constitution », le Gouvernement du Mali rappelle, dans son mémorandum, que lesdites réactions participent au renforcement de la démocratie et à la liberté d’expression.
La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali
S’agissant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, les autorités rappellent aussi, dans leur mémorandum en réaction au rapport trimestriel d’Antonio Guterres, que malgré la décision des groupes signataires de suspendre leur participation au Comité de Suivi de l’Accord (CSA), le Gouvernement du Mali poursuit les actions en vue de diligenter sa mise en œuvre.
« Conformément à cet engagement, le Gouvernement a adopté en Conseil des ministres, le 18 octobre 2022, le texte portant sur le mandat de six mois de la Commission ad hoc chargée de résoudre les questions en suspens relatives à la chaîne de commandement au sein des forces de défense et de sécurité nationales et à l’intégration des hauts fonctionnaires civils des mouvements dans les institutions gouvernementales. Ladite commission a été créée par une décision du 15 novembre 2022 en vue du lancement de ses travaux », révèle le Mémorandum.
Dans la même foulée, le Gouvernement du Mali déclare que « le DDR accéléré enregistre 1718 ex-combattants intégrés dont 593 pour la CMA, 531 pour l’Inclusivité et 594 pour la Plateforme. Dans la dynamique de renforcer le processus du DDR, le Gouvernement diligente l’élaboration du nouveau programme du DDR et son plan d’action 2023-2027 et le programme d’intégration et son plan d’action 2023-2025 ».
« Quant à l’inquiétude exprimée par le Secrétaire général relative à la suspension de la participation des groupes signataires aux mécanismes du CSA, le Gouvernement regrette cette décision et mène des initiatives en vue de parvenir à une entente avec les groupes signataires pour la reprise effective des travaux du CSA ». Puis de rappeler qu’une délégation malienne, composée du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et du ministre de la Réconciliation, de la paix et de la Cohésion sociale, chargé de l’Accord de la paix et de la Réconciliation nationale, a effectué une visite de travail les 15 et 16 janvier dernier en Algérie.Ce pays est chef de file de la médiation internationale.
Volet sécuritaire
Dans son rapport, le Secrétaire général exprime sa préoccupation face à la situation sécuritaire au Mali. Il estime que la situation sécuritaire est complexe et marquée par les activités criminelles et indiscriminées des groupes Jama’atNusrat al-Islämwal-Muslimin (JNIM) et de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) contre les civils, les FDSM et la MINUSMA. En réponse à cela, les autorités du Mali soutiennent ceci : « Comme le précédent, le rapport ne donne aucune indication sur les efforts et les actions menées par les FDSM dans le cadre de la sécurisation du territoire et la protection des civils ayant enregistré des résultats fort encourageants à travers les opérations anti-terroristes, la poursuite du maillage du territoire et les missions d’escorte des véhicules de transport des passagers et de marchandises, y compris les actions de sécurisation des frontières ».
Cette posture offensive des FDSM, estime le Gouvernement, a permis également la neutralisation de nombreux terroristes, la destruction de leurs sanctuaires, ainsi que la stabilisation de nombreuses zones et la protection des civils.
S’agissant du rétablissement de l’autorité de l’État, le gouvernement estime que les chiffres fournis dans le rapport onusien sont faux. Ainsi, indique-t-il, la situation des postes vacants dans le centre du pays, au titre de l’année 2022, est la suivante :« Au niveau des cercles, 1 poste vacant sur 122 (1 Préfet Bandiagara) ;au titre des arrondissements 3 postes vacants : Koula (cercle de Tominian), Dinangourou, (Cercle de Koro), Sah, (cercle Youwarou) ;tous les postes de Gouverneurs et membres de Cabinet (Directeurs de Cabinet, Conseillers aux Affaires Administratives et Juridiques, Conseillers aux Affaires Economiques et Financières et Conseillers à la Sécurité et à la Protection Civiles) sont pourvus ».
Sur la situation des Droits de l’Homme
Dans son mémorandum, le gouvernement souligne que le rapport fait état d’une réduction de 58% des cas de violations des droits de l’homme, comparativement à la période précédente et qui ont été commises dans les régions du Centre et du Nord. « Il s’agirait de 172 allégations documentées par la MINUSMA, qui seraient imputables, selon le rapport, à des groupes terroristes (121), aux FDSM (26), à des groupes armés non identifiés (13), aux groupes armés signataires (08) et à des milices (04). La plupart de ces violations et abus auraient été commis dans les régions de Bandiagara (72), Douentza (3), Mopti (4), Ségou (23), Gao (43), Ménaka (16) et Tombouctou (9) », lit-on dans le document.
Cependant, concernant les cas imputés par le rapport aux FDSM, le Gouvernement dit avoir regretté que le Secrétaire général ne fournisse aucun détail sur les lieux, les dates et les victimes de ces incidents. « Le Gouvernement du Mali réfute donc ces allégations et rappelle que les forces maliennes sont bien outillées en matière de Droits de l’Homme et de Droit international humanitaire. Ces notions sont enseignées aux recrues depuis la Formation Commune de Base et approfondies lors de toutes les sessions de formations et exercices de pré-déploiement sur les théâtres d’opération. Dans la dynamique de faire observer ces principes sur le théâtre des opérations, un détachement prévôtal est systématiquement désigné auprès de chaque groupement tactique, sous le contrôle d’un magistrat militaire (ou Conseiller juridique) désigné à cet effet », fustige le gouvernement. Il poursuit en indiquant que « les FDSM travaillent à protéger les populations et n’ont d’autres cibles que les groupes armés terroristes et leurs complices ».Notons que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale participe à la séance publique du Conseil de Sécurité, prévue ce vendredi 27 janvier 2023 à New-York, a annoncé la cellule de communication du département.
Ibrahim Djitteye
Source: LE PAYS