Un projet de rapport des Nations unies propose trois solutions pour le maintien de la Minusma dans notre pays. Il s’agit entre autres, d’une hausse des effectifs de casques bleus ou, à l’inverse, un « retrait des unités en uniforme ». Entre les deux solutions extrêmes, le rapport propose un maintien du nombre de casques bleus, mais la modification du mandat, avec la fermeture de certains camps ou une réduction de la présence dans le centre du pays.
Le rapport indique que la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali n’est « pas viable » sans augmenter le nombre de casques bleus. Ledit rapport de l’ONU évoque un possible retrait des troupes si des conditions clés ne sont pas remplies.
En effet, la Minusma a été créée en 2013 pour aider à stabiliser notre pays avec l’avancée des djihadistes pour protéger les civils, contribuer à l’effort de paix et défendre les droits humains. Malheureusement, plus d’une décennie après sa mise en place, la situation sécuritaire n’a cessé de s’aggraver et les contestations deviennent de plus en plus virulentes contre la mission onusienne.
« La Minusma est une opération de maintien de la paix là où il n’y a pas de paix à maintenir », a affirmé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans ce document remis aux membres du Conseil de sécurité.
Avec l’extension de son mandat en 2019 au centre du pays, particulièrement touché par les violences, la mission, privée désormais du soutien d’opérations étrangères, notamment de la France – qui s’est retirée en août 2022 –, « a fait de son mieux » mais « a été poussée au-delà de ses limites », note-t-il. Une situation qui a placé la Minusma dans une « situation délicate », « incapable de répondre aux attentes de la population malienne et de certains acteurs régionaux » et ainsi sujette à des « critiques persistantes ».
Ainsi, le projet de rapport des Nations unies propose trois solutions, dont une hausse des effectifs de casques bleus ou, à l’inverse, un « retrait des unités en uniforme ».
Le rapport souligne que cette première option requiert que « tous les paramètres » soient remplis. Parmi ces conditions, le secrétaire général cite des progrès dans la transition politique, qui prévoit le retour des civils au pouvoir en mars 2024, ainsi que la liberté de mouvement des casques bleus, alors que l’ONU dénonce les entraves imposées par les autorités maliennes. Renforcer les effectifs soulève également le problème de trouver des troupes, alors que plusieurs pays contributeurs (soit 2 250 casques bleus) ont annoncé leur retrait de la Minusma.
Option inverse, « si les paramètres clés pour que la mission puisse opérer avec son mandat actuel ne sont pas remplis », le secrétaire général évoque le « retrait des unités en uniforme » et la transformation en « mission politique spéciale », avec une présence uniquement à Bamako. Entre les solutions deux extrêmes, le rapport propose un maintien du nombre de casques bleus, mais la modification du mandat, avec la fermeture de certains camps ou une réduction de la présence dans le centre du pays.
En tout cas, si Antonio Guterres ne recommande pas l’une ou l’autre des trois options soumises au Conseil de sécurité, il souligne que « l’objectif de la présence de l’ONU au Mali reste aussi pertinent qu’il y a dix ans ». Voire davantage, en raison « des besoins immenses de protection d’innombrables civils, des exigences de la transition politique en cours et de la place centrale de la trajectoire du Mali dans la stabilisation du Sahel ».
« Aucun effort ne devrait être épargné pour empêcher le renouvellement d’un cycle d’instabilité politique et la poursuite de la détérioration de la situation sécuritaire, humanitaire et des droits humains », plaide le secrétaire général.
Il note d’ailleurs que la plupart des Etats membres et autres partenaires consultés ont insisté sur le fait qu’un « retrait serait préjudiciable pour le Mali et la sécurité régionale », soulignant le « risque existentiel » posé par les groupes terroristes au-delà de l’Afrique de l’Ouest.
Et sur l’avenir de la MINUSMA, Jean Pierre LACROIX avait effectué une mission dans le cadre de la revue stratégique afin de discuter avec les autorités maliennes sur le mandat de la mission onusienne. Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye DIOP, lors de la rentrée diplomatique tenue à Ségou le samedi 21 janvier, a informé avoir reçu le rapport de la MINUSMA, mais qu’ils sont en train de préparer les observations du gouvernement.
Malheureusement, la MINUSMA demeure la mission la plus dangereuse, au moins 32 membres du personnel de maintien de la paix des Nations Unies ont perdu la vie en 2022, dont 28 soldats et 4 policiers, y compris une femme, tous tués lors d’attaques délibérées, indique le Syndicat du personnel de l’ONU dans notre pays.
PAR MODIBO KONÉ
Source : Info Matin