Le mercredi 9 octobre 2019, environ 38 jeunes dont la majorité sont des ressortissants du Mali embarquent aux côtes de Nouadhibou (Mauritanie). Une semaine après, précisément le vendredi 16 octobre 2020, ils sont arrêtés par les gardes côtiers espagnoles et conduits à Las Palmas. Un voyage périlleux qui a coûté la vie à 10 ou 11 personnes selon les autorités espagnoles. Le principal passeur du nom de Sidi Keita, un Malien vivant en Mauritanie a été arrêté et extradé en Espagne pour répondre de ses actes.
– Maliweb.net -Le départ de ce bateau avait été préparé par une organisation installée en Mauritanie et dont l’objectif serait de faciliter l’arrivée de personnes du continent africain aux Iles Canaries au moyen de Caycos (pirogue) moyennant une forte somme d’argent. Cela, en violation des normes d’entrée des étrangers en territoire espagnol, ainsi que les risques et danger pour la vie et la santé des migrants.
Il ressort de nos investigations que cinq jours après le départ, les occupants du Cayoco sont restés sans combustible, ni eau, ni aliment. C’est ainsi qu’avant d’être sauvées, le 16 octobre 2019, 5 personnes sont décédées, trois cadavres ont été balancés à la mer et deux se trouvaient dans le bateau quand celui-ci a été sauvé au large par le navire Bluebird. Une personne a disparu dans l’océan quand les gardes côtes espagnoles effectuaient le sauvetage et deux autres personnes sont décédées dans le bateau de sauvetage qui les a amenés au port de La Luz à Las Palmas de Gran Canaria (Espagne).
Parmi les personnes décédées nous avons pu avoir certains noms ainsi que les causes de leur décès fournis par les gardes côtes espagnoles. Il s’agit de : Pathé Billy Camara, dont le décès s’est produit suite à un œdème aigu du poumon, des troubles hydro-électrolytiques et homéostatiques dérivés de la déshydratation et d’autres facteurs environnementaux ; Harouna Dabo, dont le décès s’est produit par un œdème aigu du poumon ; Moussa Konaté, dont le décès s’est produit par asphyxie mécanique par immersion syndrome d’après noyade qui lui a produit l’anoxie immédiate des centres vitaux et Mamadou Samba Camara dont le décès s’est produit suite à un œdème aigu du poumon, de troubles hydroélectrolytiques et homéostatiques dérivés de la déshydratation et d’autres facteurs environnementaux.
Sidi Keita arrêté et extrader en Espagne
Une procédure a aussitôt été ouverte en vue d’une enquête autour de l’organisation criminelle à l’origine du drame par le Magistrat- Juge Luis Francisco Galvan Mesa du Tribunal d’Instruction Numéro 6 Las Palmas de Gran. A la demande de la Brigade Provinciale d’Etrangers et Frontières de Las Palmas de Gran Canaria (Espagne), un mandat d’arrêt international est émis contre Sidiki Keita, présumé auteur principal de l’organisation de la traversée.
En plus, une autre demande du Tribunal d’Instruction Numéro 6 Las Palmas de Gran Canaria faite aux autorités mauritaniennes pour l’extradition de Sidi Keita, comme auteur d’un délit contre les droits des citoyens étrangers et neuf délits d’homicide par imprudence, dans les procédures préliminaires n°5103/19, sous la protection de la Convention d’extradition entre le Royaume d’Espagne et la République Islamique de Mauritanie, établie le 12 septembre 2006. Ce qui a valu l’arrestation et l’extradition de M. Sidi Keita de Nouakchott (Mauritanie) à Las Palmas (Espagne) dans la nuit du vendredi 16 octobre 2020. Il faut ajouter qu’il avait le choix d’être jugé en Mauritanie ou en Espagne.
Contacté par nos soins, Dr Broulaye Keita, Conseiller-Technique au Ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration Africaine, chargé des questions migratoires, dit être surpris d’apprendre avec nous car, normalement au nom de la coopération entre les deux pays, les autorités mauritaniennes devraient informer le Mali de cette affaire. Et aussi, dit-il, M Sidi Keita devrait avoir une assistance juridique du Mali malgré qu’une loi a été votée contre cette pratique. Toutefois, il s’est dit optimiste avec l’arrestation et l’extradition du passeur Sidi Keita, car, cela mettra un holà à la nouvelle route de la migration entre Mali et la Mauritanie avec son corollaire de pratiques malsaines, de trafics d’êtres humains et de violations graves des droits de l’homme.
De nos jours, les questions migratoires constituent une préoccupation majeure pour tous les Etats, qu’ils soient de départ, de transit ou d’accueil. C’est ainsi que depuis une trentaine d’années, des flux massifs de jeunes candidats à l’émigration, dans des conditions irrégulières, difficiles et parfois au prix de leur vie arrivent sur les côtes européennes. Beaucoup d’entre eux, au-delà des difficultés liées aux traversées du désert et de la Méditerranée sont refoulés et/ou expulsés lorsqu’ils parviennent à accéder aux pays de transit ou de destination. Parlant des dangers de l’émigration irrégulière, des jeunes morts noyés dans la Méditerranée.
D’ailleurs les concertations sur les questions migratoires tenues au Mali du 15 -17 juin 2017 à recommander de veiller strictement à l’application de la loi N°2012-023 du 12 juillet 2012 relative à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées, particulièrement, la lutte contre les passeurs pour mettre fin à la migration irrégulière.