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Histoire : … du chien et de l’Imam

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Infirmier vétérinaire à la retraite, le vieux Malick n’a pu, après 40 ans de service, bénéficier ni d’un lot à usage d’habitation, ni même d’un vélo pour se rendre à son champ situé à Sanankoroba.

Comme tant d’autres fonctionnaires maliens connus pour leur intégrité mais qui, après plusieurs années de service bien accompli vivent aujourd’hui dans des paillotes ou sont devenus des clochards, M. Malick, marié et père de 12 enfants s’était résigné à son triste sort et avait élu domicile dans la banlieue bamakoise à Sébénikoro.

Là, humblement, mais dignement, il arrivait à payer régulièrement ses frais de location. Et, tant bien que mal, à subvenir aux besoins de sa famille.

Hélas, en juin dernier, le vieil homme a été terrassé par la maladie.

Depuis, Malick était couché sur son lit en compagnie d’un gros chien noir qu’il élevait depuis plusieurs années. Un chien, si docile que l’on ignorait même son existence dans la concession.

Hélas, la mort dans sa cruauté a arraché le vieux vétérinaire à l’affection des siens le 18 septembre dernier aux environs de 13 heures.

Amis et proches ne tardèrent pas à envahir la maison de Malick, étalé sans vie dans sa chambre.

Le gros chien noir, comme pour pleurer son maître s’était mis sous le lit du défunt.

Ainsi va la vie, et aux environs de 16 heures, l’Imam était invité à faire des bénédictions ‘’privées’’ au mort.

Marchant nonchalamment, notre marabout s’introduisit dans la chambre du défunt. Mais, à peine y était-il rentré, qu’il entendit un bourdonnement : celui du chien sous le lit.

L’Imam sortit rapidement de la chambre et demanda de rentrer chez lui, prétextant avoir oublié son chapelet et du “nassi” et invita son second de s’occuper des bénédictions. Ce dernier n’hésite pas.

D’un bond, il fit irruption dans la chambre du défunt. Pas pour longtemps… car le chien du défunt avait quitté sa cachette et semblait vouloir lui sauter au cou.

Le marabout remplaçant n’eut cependant pas la possibilité de détaler. Son boubou étant resté coincé par la porte.

Du coup, le petit salon qui bondait de monde s’est vidé de ses occupants.

La veuve du défunt qui venait d’assister à la scène, s’empressa d’expliquer la “situation” aux fidèles.

Trop tard ! Les uns cherchaient leurs chaussures, les autres étaient déjà loin des lieux.

Finalement, le calme était revenu et le silence devenu lourd.

C’est en ce moment que l’on libéra le marabout (coincé par la porte et le chien) devant la chambre du défunt.

Notre “homme de Dieu” avait mouillé de sueur et son boubou et son pantalon.

Il ne put regagner la foule, qu’après que madame Malick lui eut emprunté des habits du défunt.

Quant à son patron (le premier Imam), il n’a été revu sur les lieux que… le 3e jour du deuil. Allah Akbar !

Boubacar Sankaré

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