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Chasteté avant le mariage : une chimère aujourd’hui ?

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Au lendemain d’un mariage au Mali, les tantes de la jeune mariée se rassemblent pour avoir un compte rendu auprès de la belle famille par rapport à sa virginité. Dans la tradition malienne, une jeune fille doit rester chaste jusqu’au jour de son mariage. Son mari doit être le premier homme de sa vie.

Ce rassemblement des tantes est appelé dans notre jargon « Demba Foli ». Il est généralement accompagné de son de Tambour, de tam-tam, de chants et de danse jusqu’à leur arrivé dans la belle famille. Après le mariage une vielle femme qui incarne la sagesse, communément appelée « Magnanbaga », accompagne les mariés jusqu’à la fin des noces qui dure une semaine. La « Maganbaga » après s’être, au préalable, entretenue avec le nouveau marié sur la virginité de sa femme, vient informer les tantes à cet effet. Cette information ne se donne pas verbalement, mais plutôt par des gestes.

Si la nouvelle mariée était vierge, la bonne dame vient offrir un coq et du lait de vache dans une calebasse aux tantes. Ces gestes feront comprendre à toute l’assistance que la jeune mariée était vierge. Et le drap taché de sang en sera la preuve. A partir de cet instant commence les festivités. Les tantes dansent pour manifester leur joie parce que leur fille a honoré toute la famille.

La nouvelle parvient rapidement aux parents biologiques de la jeune fille qui doivent offrir un présent à leur fille (or, argent, voiture, maison) selon leur moyen. L’époux se doit aussi d’offrir un cadeau à sa femme selon la tradition. Si elle n’était pas chaste, les tantes ne recevraient pas de présents. Et ces dernières retournent chez elles avec une honte et une totale déception. La jeune fille sera alors accusée de tous les maux, d’être un déshonneur pour sa famille.

Mais de nos jours cette tradition, qui veut bien que la femme soit chaste avant le mariage est en train de disparaître. Pour la simple raison que les jeunes filles n’attendent plus le mariage pour avoir des rapports sexuels. Les tantes, qui doivent rendre compte, n’ont plus honte de la perte de virginité de leurs filles. Cet état de fait ne pose plus assez de problème. A qui donc la faute ?

On mettra en relief, sans doute, la modernité et la vie citadine qui est influencée par l’extérieur. Au-delà de la jeune fille, cette question de la chastété est aussi prenante au niveau des garçons. Combien d‘entre eux observent cette valeur cardinale de notre société avant leur premier mariage ?

La transgression culturelle devient de plus en plus la norme et il est à s’interroger sur son lien d’avec l’avenir même de notre nation. D’aucuns pensent que du fait du rejet de notre fondement culturel, nous exposons notre pays et nos peuples à une sorte de colère divine ou ancestrale qui plonge notre pays dans la succession de crise que nous vivons. C’aurait pu être une simple élucubrations. Cependant, il est important aujourd’hui de porter la réflexion sur les valeurs cardinales de nos cultures en déperdition. Comment les figer dans le marbre pour les nouvelles générations ? Voici bien là une problématique nationale.

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