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Dix conseils pour du slow sex sans stress

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Pour faire l’amour, on ressent le besoin d’être détendu, mais il faudrait avoir un rapport sexuel pour l’être. La solution ? Prendre son temps, oublier la course à l’orgasme…, nous explique notre chroniqueuse de La Matinale Maïa Mazaurette. Et si on essayait ?

Le sexe selon Maïa

Le sexe, un antistress ? C’est une certitude. Déjà parce que cette activité libère des hormones associées à l’énergie et au bien-être (dopamine, ocytocine, endorphines, testostérone). Ensuite parce que ce déferlement hormonal améliore notre survie, et pas seulement en reproduisant l’espèce : renforcement du système cardio-vasculaire et du système immunitaire, aide à l’endormissement, effet antidouleur, retour de l’être aimé, cure contre la peste bubonique et les écrouelles (bon, presque).

Le petit hic dans cette histoire, c’est qu’on ressent souvent le besoin d’être détendu pour commencer un rapport sexuel, mais qu’il faudrait se livrer au rapport sexuel pour l’être. La traditionnelle question « qui fait l’homme, qui fait la femme ? » prend donc une tournure nettement plus métaphysique : qui fait l’œuf, qui fait la poule ?

Heureusement, les experts en sexe no stress sont là pour nous aider à nous détendre – avec, et par, les pratiques sexuelles. On essaie ? On décrispe ses chakras ? (Ne faites pas les malins : nous sommes dimanche, vous n’avez objectivement rien de mieux à faire.)

1. Le stress n’est pas notre ennemi

Enfin, pas à tous les coups. C’est Magali Croset-Calisto, sexologue et psychologue, auteure du tout récent ouvrage Moins de stress grâce au sexe (Albin Michel, 220 pages, 17,90 euros), qui nous le rappelle : le stress, quand il ne nous paralyse pas, constitue une ressource positive. La fameuse ocytocine, hormone du lien (ou du plaisir, ou de la confiance) est aussi une hormone du stress.

Nous pouvons donc commencer à résoudre notre équation : le stress est un problème pour la sexualité, mais aussi une solution. A condition qu’on ne panique pas, et qu’on se concentre sur autre chose que ses effets potentiellement négatifs (au rang desquels l’anorgasmie, les dysfonctions érectiles ou les douleurs génitales).

2. Prenons le temps

On ne le répétera jamais assez : les rapports expéditifs se révèlent rarement transcendants (voir notre chronique sur la question). Si vous n’avez pas le temps de faire l’amour aussi souvent que vous l’espérez, espacez les interactions, quitte à les programmer… mais privilégiez la qualité plutôt que la quantité. Sinon, vous en tirerez autant de satisfaction qu’après des coquillettes au jambon micro-ondables : ça calme sur le moment, mais paradoxalement, on reste sur sa faim.

Evidemment, en nos temps d’hyperconnexion, d’accélération, d’urgence, de saison 3 de The Crown sur Netlfix, ça n’est pas évident. Pour récupérer du temps de cerveau disponible, et idéalement du temps d’ennui, lancez immédiatement votre smartphone ou tablette par la fenêtre. Enfin, après avoir fini cette chronique.

3. Réapprenez à respirer

Un petit exercice de cohérence cardiaque, peut-être ? Pendant trois minutes, enchaînez des inspirations de cinq secondes, puis des expirations de cinq secondes. Selon Magali Croset-Calisto, cette mini-routine permettra de vous remettre en phase et d’éloigner les tensions qui polluent votre attention. Sur le papier, c’est un jeu d’enfant. Mais si vous disposez d’une capacité d’attention de deux secondes, l’application Oak devrait vous aider à vous concentrer (c’est celle que j’utilise… pendant mes deux secondes d’attention).

Si votre partenaire est dans le coin, vous pouvez aussi respirer ensemble, de manière synchrone ou alternée. Profitez-en pour (re) sentir l’autre, pour faire attention à son odeur. Le désir passe aussi par là.

4. Débranchez vos angoisses de performance

Votre pénis est suffisamment gros (inutile de résister à cette information, je fais ce boulot depuis quinze ans, je sais mieux que vous). Votre vie sexuelle est suffisamment grosse aussi : si vous faisiez l’amour deux fois plus souvent, avec deux fois plus de partenaires et deux fois plus de virtuosité, vous en voudriez quatre fois plus. Ou huit fois plus. Ce désir de réassurance n’a pas de fin. Mieux vaut apprendre à gérer sa vulnérabilité – et s’accepter comme on est (avec son micropénis le cas échéant).

5. Oubliez la course à l’orgasme

C’est sans doute le message le plus important des spécialistes : laissez tomber le vocabulaire de pulsion, de décharge ou d’excitation. Arrêtez de vous donner pour objectif de jouir et faire jouir, avec feuille de route militaire, tambours et trompettes.

Contre-intuitif ? C’est sûr : on nous a toujours répété que la tension sexuelle était l’alpha et l’oméga de nos interactions érotiques. Les adeptes de cette vision du sexe pensent que sans tension, le rapport sexuel sera ennuyeux. Pour ma part, je pense que ces personnes vont attraper un ulcère de l’estomac. Pourquoi ne pas remplacer la tension par la tendresse, au moins de temps en temps ?

Dans l’essai Le Slow Sex (Marabout poche, 2017), le couple Anne et Jean-François Descombes dénonce ainsi une sexualité conventionnelle qui consiste à « passer plus de temps à faire qu’à ressentir ». Pour ces animateurs en Gestalt, aquabalancing et eutonie (par pitié, ne me demandez pas ce que ces disciplines recouvrent), l’abandon de l’orgasme à tout prix « libère de la tension de ce qui devrait être. Spontanément, nous réduisons la quantité d’efforts physiques mis en jeu, nous en faisons moins. Nous pouvons accueillir ce que nous vivons, nous ouvrir à notre partenaire et nous abandonner à l’évidence des corps ».

6. Ne considérez pas la libido comme un indicateur infaillible

La présence ou l’absence de désir sont souvent prioritaires dans notre initiative sexuelle. Mais dans le slow sex, on cherche avant tout un moment d’intimité partagée, des retrouvailles, voire une consolation. La motivation peut donc dépasser la simple réponse à ses envies (pulsion interne) ou des partenaires (pulsion externe).

L’excitation est une composante facultative : les bienfaits qu’on retirera de l’interaction sexuelle sont suffisants pour se mettre au lit. Il suffit de les anticiper (selon l’effet bien connu des amateurs de vacances à la mer : « d’abord elle est froide, mais elle est bonne quand on est dedans »).

7. Détendez-vous (bon sang de bois bandé)

Alors que l’injonction est fréquente de se muscler le vagin, de se fortifier le périnée, de se bétonner les abdos et de se cristalliser le fessier, détendez-vous. Laissez venir. Ce n’est pas grave si votre érection est molle ou inexistante, parce que votre objectif est de vous déstresser. De toute façon, rien qu’en utilisant des mouvements lents, rien qu’en faisant retomber la pression, le corps devrait tout naturellement se réveiller et révéler sa capacité d’accueil (pour les hommes comme pour les femmes).

8. Boostez votre attention

Avez-vous encore pensé à la liste de courses pendant l’amour ? Inutile de battre votre coulpe (gardez ça pour la soirée BDSM de vendredi prochain) : décrocher de temps en temps, c’est banal. Utilisez les techniques de pleine conscience pour revenir dans votre peau, ici et maintenant (en respirant, en scannant votre corps de bas en haut, etc.).

Si vous êtes perturbé(e) émotionnellement ou carrément en crise, Anne et Jean-François Descombes recommandent de bouger, courir, se défouler ailleurs avant de recourir au sexe : sinon, votre partenaire pourrait se sentir instrumentalisé(e), ce qui pourrait générer d’autres tensions. D’abord le footing, ensuite le sexe.

9. Expérimentez différents types de contact

Notamment le toucher, et précisément le toucher sans intention. Le couple Descombes parle de rapport « passionnément immobile ». Magali Croset-Calisto propose de se bander mutuellement les yeux, afin de mieux se focaliser sur ses sensations.

Les modalités de contact elles-mêmes pourront comporter la pénétration profonde, mais aussi la pénétration sans érection (ça viendra, ou ça ne viendra pas, de toute façon l’objectif est ailleurs) : l’intensité de la présence est plus importante que l’intensité de l’érection. Ne privilégiez pas la friction énergique ou les va-et-vient : vous avez le droit de vous poser tout simplement l’un avec l’autre, avec ou sans pénétration, pour ressentir la chaleur et la texture des corps. Profitez du voyage plutôt que de la seule destination.

10. Alignez votre sexualité et vos valeurs personnelles

Si on fait tomber toutes les obligations, cela vaut autant pour celles du « bon goût » sexuel (toujours plus de transgression, toujours plus de rigidité, sinon on s’ennuie et nos testicules vont tomber en poussière !) que pour celles recommandées par les spécialistes de la détente sexuelle. Vous avez le droit d’être stressé, tendu, obsédé par le chronomètre (ça va, cet ulcère ?). Vous avez le droit aussi de vous contenter d’un orgasme obtenu en trois secondes douche comprise. Parce qu’en slow sex ou en sexe no stress, même les conseils tiennent de l’injonction molle : prenez-les avec des pincettes, manipulez-les avec la délicatesse qui vous caractérise.

Si certaines recommandations ne marchent pas, si certaines vous paraissent trop ésotériques, laissez tomber : le comble serait de faire du sexe hors performance… une autre forme de performance.

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