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HCIM FACE À LA NOUVELLE CONSTITUTION: QUE LE PRÉSIDENT JURE SUR LE CORAN OU SUR LA BIBLE

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LES RESPONSABLES DU HAUT CONSEIL ISLAMIQUE DU MALI (HCIM) ONT ANIMÉ, CE JEUDI 9 FÉVRIER 2023, UN POINT DE PRESSE SUR L’AVANT-PROJET DE CONSTITUTION SOUMIS DEPUIS QUELQUES MOIS À L’APPRÉCIATION DES FORCES SOCIALES ET POLITIQUES DE NOTRE PAYS. AU COURS DE CETTE RENCONTRE AVEC LES MÉDIAS, ILS ONT DÉPLORÉ LA NON PRISE EN COMPTE DES OBSERVATIONS ET AMENDEMENTS DU HCIM PROPOSÉS POUR LA RÉDACTION DU PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION, AVANT DE RENDRE PUBLIC LES 8 POINTS SUR LESQUELS LE HCIM SE VEUT INFLEXIBLE. IL S’AGIT DES POINTS RELATIFS À LA LAÏCITÉ, À L’HOMOSEXUELLE, AUX DROITS DE LA FEMME, À LA DÉFINITION DU MARIAGE, AU SERMENT DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, À LA PEINE DE MORT, ETC.

Cette rencontre avec les hommes de média était animée par le président de la Commission de réflexion et de propositions sur l’Avant-Projet de Constitution du HCIM, Thierno Hady Oumar THIAM, également deuxième vice-président de l’institution. Celui-ci avait à ses côtés, l’ancien ministre Moussa Boubacar BAH, membre de la commission ; Salam TRAORE ainsi que plusieurs membres de ladite Commission.
Dans un mot introductif, Thierno Hady Oumar THIAM a rappelé que lorsque l’Avant-projet de Constitution a été rendu public, le HCIM a mis en place une Commission de rédaction de l’avant-projet de la nouvelle Constitution, en son sein, une Commission de réflexion et de propositions, dirigée par lui-même.
Défendre les valeurs de l’islam
Ainsi, il est revenu sur les étapes majeures et les positions préconisées par le HCIM acceptées et validées par son bureau.
Hier, a-t-il précisé, il s’agissait pour la Commission de rendre public les propositions validées par le bureau du HCIM.
D’ores et déjà, le leader religieux a tenu à préciser que le HCIM est là pour défendre les intérêts de la communauté musulmane et travailler à cet effet.
De ce fait, dit-il, elle est l’interface entre la communauté et l’Etat.
«Nous ne pouvons pas travailler contre l’islam », a-t-il tranché.
Avant de terminer, il a fait savoir que le HCIM est représenté par deux personnes au sein de la Commission nationale de finalisation de la nouvelle Constitution.
De son côté, l’ancien ministre, Moussa Boubacar BAH, qui a fait la lecture de la version en Bamanakan a ajouté : «Nous aimons notre pays, mais notre foi est au-dessus de tout».
A la suite des deux premiers intervenant, Salam TRAORE a axé sont intervention sur les points qui incarnent la position du Haut conseil sur le nouveau texte dont la dernière mouture sera bientôt rendue public avant son adoption et sa soumission au référendum.
Dans son intervention, il a rappelé qu’au regard de la non prise en compte des préoccupations spécifiques du Haut Conseil Islamique dans la rédaction de l’avant-projet de la nouvelle Constitution, la Commission a décidé de rendre public 8 points dont la prise en compte constitue une exigence pour le HCIM.
Ainsi, il ressort de son propos que le HCIM s’est prononcé sur les articles 2, 9, 11, 32 ; 55, et 191 de l’Avant-projet de Constitution.
Suppression de la laïcité
Sur l’article 32 de l’Avant-projet de nouvelle constitution portant sur la laïcité, le HCIM constate la non suppression de « laïcité» dans le texte. A défaut de cette suppression, le Haut Conseil islamique du Mali insiste qu’il soit absolument indiquer que :
«La laïcité n’est pas irréligieuse et autorise tout citoyen, à titre personnel, de se référer à sa religion dans son comportement et ses propos, d’en arborer les signes, dans la sphère publique et privée »; «Qu’elle tient l’Etat à équidistance des religions et des croyances».
A cette fin, l’article 32 de l’avant-projet doit être reformulé comme suit : «La laïcité a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble dans la société, fondée sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle».
En application de ce principe, le HCIM estime que la laïcité n’est pas synonyme de athée ou irréligieuse et l’Etat, en équité et en équidistance des religions et des croyances, garantit le respect des croyances ainsi que la liberté de conscience, de religion et de libre exercice des cultes.
Ainsi, «tout citoyen peut, à titre personnel, dans les conditions déterminées par la loi, se référer à sa religion dans son comportement et ses propos, d’en arborer les signes, dans la sphère publique et privée », exige le HCIM.

Toujours dans le cadre de la laïcité, il est dit dans l’article 11 de l’avant-projet que « l’enseignement public est laïc ». Ce caractère laïc de l’enseignement public s’oppose au fait que les enfants puissent bénéficier de l’enseignement religieux à l’école publique. C’est pourquoi, le Haut Conseil Islamique estime pertinemment que le mot laïc soit retiré des qualificatifs de l’enseignement public comme l’ont fait beaucoup d’autres pays ».
Jurer sur le livre Saint
Pour la faitière de la foi musulmane au Mali, la formulation de l’article 11 de l’avant-projet doit être : «L’enseignement public est gratuit et obligatoire ».
Dans l’Article 55 de l’avant-projet de nouvelle constitution qui a trait au Serment du Président, le HCIM regrette de constater que la formulation de l’ancienne Constitution en vigueur reste maintenue, dans le nouveau texte proposé par la Commission.
Ainsi, il n’est pas mentionné que ce serment se fait en posant la main sur le livre sacré de la religion du Président, le cas échéant.
Pour le HCIM, ce serment est cohérent et doit être complété par cet ajout, dès lors qu’il s’y trouve, en primauté, la référence à DIEU.
Ainsi donc, le HCIM reformule l’article 55 comme suit : «Avant d’entrer en fonction, le Président de la République prête, devant la cour Constitutionnelle, en audience solennelle, le serment suivant, en posant, le cas échéant, sa main droite sur le livre sacré de sa religion».
Pour les articles 9 et 191 de l’Avant-projet de la nouvelle constitution, le mariage et la famille sont définis de manière claire et conforme aux valeurs civilisationnelle, sociétale et culturelle du Mali.
Cependant, en plus de cette disposition, le HCIM estime que l’ETAT devrait engager la communauté et chaque citoyen à protéger et promouvoir le mariage et la famille tels que définis.
Aussi, faudrait-il disposer que l’Etat s’engage et engage la communauté et chaque citoyen à protéger et promouvoir les bonnes mœurs au profit du bien-être de la famille et de la jeunesse. Et qu’à cet égard, les droits et les libertés individuels ne sont pas extensibles à l’homosexualité.
En dernier ressort, au regard de son importance fondamentale, il faut disposer que la définition du mariage ne peut faire l’objet de révision.
Ainsi, les articles 9 et 191 seront-ils reformulés comme suit:
La question du
mariage
Article 9: « Le mariage et la famille qui en issue et, qui constituent le fondement réel de la vie en société, sont protégés et promus par l’Etat. Le mariage est l’union entre un homme et une femme.
La communauté nationale et chaque citoyen doivent s’engager à protéger et promouvoir le mariage et la famille tels que définis.
L’Etat ainsi que la communauté nationale et chaque citoyen s’engagent à protéger et promouvoir les bonnes mœurs au profit du bien-être de la famille et de la jeunesse.
A cette fin, les droits et les libertés individuels consacrés ne sont pas extensibles à homosexualité».
Pour le HCIM, l’Article 191 doit être ainsi libellé ainsi : « La laïcité, la forme Républicaine de l’État, le nombre de mandat du Président de la République, le multipartisme et la définition du mariage ne peuvent faire l’objet de révision».
Autres griefs du HCIM, au niveau de l’article 2 de l’Avant-projet de nouvelle constitution, il est dit «le droit à la vie est sacré». Certes, mais il est impératif de l’avis du HCIM, d’ajouter à cette disposition : «Nul ne peut y porter atteinte que dans les conditions prévues par la loi». Ainsi, le HCIM pense que la peine de mort bien que n’étant pas expressément évoquée, ne paraitra comme abolie de fait. La peine de mort doit demeurer dans les conditions précisées par la loi.
A cet égard, la reformulation de l’article 2 est la suivante :
Article 2: « La personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. Toutefois, la peine de mort s’applique dans les conditions prévues par la loi ».
Des droits des femmes
A ce niveau, il est impératif, de l’avis du HCIM, de veiller à éviter toutes les dispositions mettant en cause les dispositions du code des personnes et de la famille en vigueur. Pour la faitière des musulmans, les dispositions de l’avant-projet relatives aux droits de la femme et de l’enfant sont formulées d’une manière très générale qui ne garantit pas la non remise en cause des dispositions pertinentes du code des personnes et de la famille.
Pour les responsables du HCIM, la laïcité à outrance a fait beaucoup de tort à la communauté musulmane au Mali où le fait majoritaire n’est pas respecté.
Ainsi, dans le cadre de cette interprétation controversée dudit article, les membres de la communauté musulmane ont été parfois empêchés, par endroit, à la pratique et à exercer leur foi, ont-ils dénoncé.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info Matin

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