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INSÉCURITÉ : LES VOLS DE BÉTAIL AU CŒUR DU DÉSORDRE

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Les groupes terroristes tirent un grand profit du vol des animaux domestiques que ces derniers sont devenus une source de financement de leurs activités. On a vu plusieurs fois l’armée malienne restituer aux populations des centaines voire des milliers de têtes de bétail après avoir détruit les bases terroristes. Dans les zones où les forces de défense et de sécurité ne sont pas présentes, les terroristes imposent leur domination à travers le contrôle de l’économie locale dont la base est l’élevage et l’agriculture. Des villages réfractaires à l’ordre islamiste sont visés par des razzia emportant les animaux domestiques.

L’une des priorités des FAMA devient donc le redressement de l’économie locale dans les zones où ils délogent les terroristes. Du nord au sud du pays, le vol des animaux s’est développé à la faveur de la progression des groupes terroristes. Généralement, l’élevage est prédominant dans les régions du centre et du nord où les terroristes emportent le plus souvent des animaux domestiques. Le Mali est le deuxième plus grand pays d’élevage de la CEDEAO après le Nigéria et le premier pays exportateur de bétail de la sous-région.

En novembre dernier, après avoir mis l’ennemi en déroute dans le secteur de Pondori dans le cercle de Djenné, dans le Seno-Bankass et le Haïré (Douentza, Boni, Mondoro et Boulkessy), les FAMA, au cours d’une patrouille d’envergure ont récupéré des centaines de têtes de bétail composé de bœufs, de moutons, de chèvres et d’ânes des mains des groupes armés terroristes. L’opération qui s’inscrivait dans le cadre de la sécurisation des personnes et de leurs biens dans le Théâtre-centre de l’opération Maliko, s’est déroulée dans le secteur de Somadougou, commune rurale de Sio dans le cercle de Mopti.

Face à la recrudescence du rapt d’animaux, les FAMA ont intensifié les opérations en profondeur dans le cadre de la protection des personnes et de leurs biens. Plusieurs opérations ont été couronnées de succès avec la récupération de troupeaux, selon le colonel Karim Traoré, commandant du Secteur 4 de l’Opération Maliko. Selon les spécialistes, 10 ans après la déclaration de Maputo, le Mali figure dans le peloton des rares pays d’Afrique qui consacrent un peu plus de 10% du budget de l’Etat au secteur agricole.

Les éleveurs s’interrogent toutefois sur la pertinence et l’efficacité des politiques menées dans le secteur de l’élevage en particulier. Selon les sources officielles, l’élevage représente un quart du PIB primaire et environ un dixième du PIB national, soit le double des filières riz et coton réunies. Plusieurs études ont montré que la contribution de l’élevage au PIB national est sous-estimée.

Cette contribution serait en réalité égale au double de sa valeur généralement admise, soit une contribution de 19,2%. On note une croissance continue des troupeaux au cours de ces 10 dernières années dans pratiquement toutes les régions du Mali et pour toutes les espèces. Mais, la part de l’élevage dans le PIB et le PIB agricole tend à baisser, au profit de celle des productions végétales.

Selon le recensement général agricole, 85% des exploitations agricoles possèdent du bétail : bovins, petits ruminants ou camelins. Et les têtes de bétail qui sont élevées et commercialisées appartiennent à 10% d’exploitations familiales maliennes, qui pratiquent l’élevage sous une forme pastorale ou agropastorale, extensive et partiellement transhumante. Dans beaucoup d’exploitations agricoles, les revenus de l’élevage restent faibles en dehors des zones de spécialisation. Par ailleurs, l’élevage participe pour 80 % au revenu des populations rurales vivant dans les systèmes pastoraux au Nord et pour 18 % dans les systèmes agro-pastoraux au Sud.

Soumaïla Diarra

Source: LE PAYS

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