Face à la difficulté d’accéder aux marchés financiers internationaux, Bamako mise fort sur le marché local pour répondre à ses besoins de financement, qui se sont fortement accrus.
Coupé du marché financier régional durant la première partie de l’année dernière, le Mali souhaite revenir en force cette année, poursuivant sur le rythme soutenu de ses incursions enregistrées tout au long du 2e semestre 2022.
Le pays sahélien avait réussi à mobiliser 785 milliards FCFA (1,3 milliard $) sur seulement cinq mois d’intervention, pour rembourser ses impayés et financer son déficit budgétaire. Alors que les investisseurs régionaux semblent retrouver la confiance envers les titres maliens, Bamako a décidé de placer la barre un peu plus haut cette année.
L’exécutif malien prévoit de mobiliser plus de 1 359 milliards FCFA (2,26 milliards $) auprès du marché financier régional, selon les informations données par la délégation malienne lors des 5e Rencontres du marché des titres publics (REMTP 2023) qui se sont tenues du 24 au 26 janvier à Dakar.
Ce montant représente plus de 60% du budget 2023, qui a été porté à 2 200 milliards FCFA (3,65 milliards $), en augmentation de 10%.
Dans les détails, en 2023, le gouvernement du colonel Assimi Goita prévoit de lever 189 milliards FCFA (314 millions $) de bons assimilables du Trésor (BAT) sur le marché des titres publics (MTP), organisé par UMOA-Titres ; le reste, soit 1 170 milliards FCFA (1,9 milliard $) est censé être collecté sous forme d’emprunts obligataires (maturité de plus de 2 ans), aussi bien sur le MTP (obligations assimilables du Trésor par adjudication) que sur le compartiment dédié aux emprunts obligataires par syndication.
A noter qu’il est prévu le remboursement de 555 milliards FCFA (922 millions $) de principal sur la période sous-revue.
L’an dernier, le Mali, qui revenait en force sur le marché régional après y avoir été sevré pendant plus de 6 mois, avait mobilisé 94 milliards FCFA (156 millions $) de BAT, 361 milliards FCFA (600 millions $) d’obligations assimilables du Trésor (OAT) et 330 milliards FCFA (548 millions $) d’emprunts obligataires par syndication.
Ce fort intérêt pour ce marché local libellé en FCFA se justifie en partie par la dégradation de la note souveraine de crédit du pays par les grandes agences de notation. En raison des sanctions de la CEDEAO, de la situation politique et diplomatique, ces agences de rating avaient fait baisser la note de crédit du Mali en 2022.
Même si en septembre, Moody’s a passé la perspective économique « négative » du pays à « stable », Bamako aurait encore du mal à solliciter les marchés internationaux avec sa note Caa2. Cela notamment dans un contexte de durcissement des conditions d’accès aux marchés obligataires internationaux. Bloomfield, une agence de rating régionale, quant à lui, a attribué la note BBB à long terme et A3 à court terme avec perspective stable au Mali, nettement mieux que Moody’s. Ce qui rend les titres du pays moins risqués en monnaie locale.
Au Mali, la croissance économique est attendue à 5,1% cette année, contre 3,7% en 2022, malgré le contexte sécuritaire. L’inflation devrait rester sous contrôle dans le sillage de 2,5%, alors que le taux d’endettement tournera autour de 55,3%, indiquent les autorités en place.
Fiacre E. Kakpo
Source: agence ecofin