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Propos haineux et racistes du président Kaïs Saïed de la Tunisie : Quand les migrants subsahariens deviennent des boucs émissaires de l’échec politique d’un autocrate

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Elu en 2019 pour redonner espoir aux Tunisiens, après une période d’instabilité parlementaire rendant presque impossible la gouvernance du pays, Kaïs Saïed s’est finalement révélé aux yeux de ces compatriotes comme le pire des autocrates. Malgré qu’il se soit arrogé tous les pouvoirs (exécutif et législatif), il peine à combler les attentes de son peuple confronté à l’effritement de son revenu à cause d’une inflation hors du commun. C’est pourquoi, pour se donner bonne conscience et détourner l’attention des Tunisiens de son échec patent, les migrants clandestins sont devenus de parfaits boucs émissaires. Un discours haineux et raciste qui avait déjà été précédé d’une chasse aux migrants.

Le mardi 21 février 2023, le président Tunisien ne s’est pas gêné de parler (lors d’une réunion du conseil national) «de horde de migrants clandestins» relevant d’une «entreprise criminelle ourdie à l’orée du siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie». Pour de nombreux observateurs, ces propos haineux et racistes de Kaïs Saïed relèvent d’une stratégie démagogique visant à maquiller l’échec de sa politique censée répondre aux préoccupations réelles des Tunisiens.

En effet, après «l’ennemi intérieur»  fréquemment accusé par Kaïs Saïed de préparer une tentative d’assassinat contre sa personne, il met maintenant en selle l’ennemi extérieur ! Selon des observateurs, avant ce discours nauséabond, des arrestations au faciès s’étaient multipliées ces dernières semaines dans les grandes villes tunisiennes. Certains, ont même été arrêtés dans l’enceinte des tribunaux lors de la comparution de leurs proches.

«Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice», ont ainsi confirmé des responsables du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) qui est à l’avant-garde dans la défense des droits des migrants subsahariens. Ils appellent les responsables à prendre leur responsabilité. «L’Etat tunisien fait la sourde oreille sur la montée du discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Pis, ce discours est même porté par certains partis politiques qui mènent des actions de propagande sur le terrain facilitées par les autorités régionales», ont-ils déploré.

Surfer sur le racisme pour berner le peuple

Selon nos informations, il n’existe pas de statistiques formelles chiffrant le nombre de migrants présents sur le sol tunisien. Les chiffres connus évoquent 22 000 ressortissants subsahariens sur une population de 12 millions de tunisiens, soit 0,2 % au total. Parmi eux, de nombreux étudiants inscrits dans les universités tunisiennes. D’autres sources avancent 58 999 étrangers en Tunisie parmi lesquels des Algériens, des Marocains, des Libyens, des Français, des Italiens, des Chinois…

Par contre, selon des chiffres officiels italiens, plus de 32 000 migrants, dont 18.000 Tunisiens, sont arrivés clandestinement en Italie en provenance de Tunisie en 2022. Or, il y aurait au moins 566 070 Tunisiens à l’étranger. L’émigration subsaharienne n’est en réalité qu’un bouc émissaire de l’échec de la gestion des affaires du pays. En effet, Mais pour avoir échoué à ramener la prospérité en Tunisie, Kaïs préfère déverser sa bile haineuse sur les Noirs.

Selon de nombreux analystes politiques, le président tunisien «a trouvé la solution idoine pour dissimiler son échec. Il veut ainsi faire croire à son peuple que si le pays a des problèmes économiques et sociaux, c’est la faute des subsahariens ! Toujours la même rengaine des régimes incompétents qui font du populisme nauséabond en jetant en pâture la main d’œuvre étrangère à la vindicte populaire».

Douze ans après la révolution qui a précipité la chute de Ben Ali en 2011, la Tunisie a ouvert la voie à une transition démocratique. En 2014, une nouvelle Constitution ensuite institué un système d’équilibre des pouvoirs, avec des compromis de partage du pouvoir entre le législatif et l’exécutif. Ce pays, qui a su éviter le sort de l’Egypte, a alors été considéré comme un exemple remarquable de transition démocratique au lendemain du Printemps arabe.

Mais, sur le plan social et économique, le parfum du jasmin (le Printemps araba est aussi appelé Révolution du Jasmin) a vite été absorbé par la réalité du quotidien parce que la démocratie n’apporte que rarement une solution instantanée aux problèmes du pays. Cela a accru la méfiance de la population à l’égard du gouvernement.

Le sauveur devenu un autocrate qui a pris le pays en otage

Et Kaïs Saïed a été élu en 2019 sur la promesse de restaurer cette confiance et d’accroître la redevabilité. Hélas ! La préoccupation de l’ancien professeur de droit constitutionnel a été de démanteler le système de contrôle et d’équilibre des pouvoirs. Le 24 juillet 2021, il a limogé le Premier ministre et suspendu le parlement pour 30 jours (bloquant l’accès au bâtiment du parlement avec des chars). Sur la base de décrets, il a également assumé la fonction législative en déclarant que ces mesures seraient maintenues jusqu’à ce que la paix sociale revienne en Tunisie et que l’État soit sauvé.

Ses pouvoirs extraordinaires ont aboli la constitution de 2014 et lui ont permis de concentrer le pouvoir au niveau de la présidence. Il a même rédigé une nouvelle constitution et a essayé de la faire passer pour une décision populaire en organisant un référendum le 25 juillet 2022. «Autant dire que le ras le bol est général alors que le pouvoir de Kaïs Saïed se durcit, comme un retour aux années Ben Ali», commente un confrère.

Malgré toutes les tentatives de le museler les Tunisiens semblent en effet avoir compris que le président au pouvoir est en train de les conduire vers le chaos politique et socio-économique. Et ils montrent de plus en plus des signes d’impatience qui présage de mouvements de protestation périlleux pour le régime en place. C’est pourquoi Kaïs Saïed a cherché un sujet de distraction (apportant l’eau moulin des racistes de son pays) en s’attaquant à la migration clandestine, aux migrants subsahariens qu’il veut sacrifier dans l’espoir de sauver son régime. Visiblement, cela risque d’être plus compliqué qu’envisagé de faire avaler cela aux Tunisiens qui étaient massivement dans la rue le week-end dernier pour apporter leur soutien aux boucs émissaires de Kaïs Saïed.

Exprimant leur solidarité envers la diaspora subsaharienne, ils ont condamné «les déclarations choquantes des autorités tunisiennes» en scandant que la «Tunisie est une terre africaine» et «abas le fascisme» ! Ils sont convaincus que la source de leur malheur est ailleurs et non dans la présence de migrants le souvent juste en transit vers l’Europe !

Moussa Bolly

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