Tu veux avoir une idée de comment est laRépublique populaire de la Chine en étantau Mali ? Faisons un tour au rail–da.
Rail-da, un marché populaire de Bamako. Ilest situé en plein cœur de la commune II dudistrict de Bamako, le lieu de toutes lesrencontres. Ce point de rencontre s’estrapidement vu développé des activitéscommerciales jusqu’au point d’êtreaujourd’hui confondu à un marché installéanarchiquement sur la route. A titre de rappel,la gare ferroviaire autrefois très fréquentée estau plein cœur du marché sans oublierl’assemblée nationale du Mali qui est aussi àquelques encablures.
Au Rail-da, le rendez-vous est donné chaquematin à la levée du soleil, hommes et femmes,chacun est à la recherche du pain quotidien.« Vendre à tout prix » c’est la loi de la survie,peu importe le comment.
Face à cela, Bamako connaît une démographiegalopante avec comme corolaire, l’exode ruraldepuis quelques années. Une réalité qui se faitimmédiatement sentir dès l’entrée du Marché :une foule très dense qui donne l’impressiond’une colonie de fourmi, colorée par le vert etle jaune faisant allusion aux couleurs destransports en commun de la ville notammentles SOTRAMA et TAXIS.
Dans le brouhaha total, entre voiture, taxi oumoto taxi, tout le monde se faufile, chacun sebouscule pour arriver à destination maisimpossible de se frayer un chemin à cause despetits commerçants qui proposent leurs articlesà vendre en pleine circulation. Une situationqui met certains usagers dans tous leurs états.Au Rail-da, c’est l’ambiance du désordre quirègne. On assiste à longueur de la journée desscènes qui se passent de tout commentaire àl’image de ce vendeur à la sauvette qui barre laroute à un taximan en discutant du prix de sesproduits avec une femme sans aucune gêne.Furieux, le taximan cri partout et lancequelques gros mots. Il nous confie après quecette scène est le quotidien qu’ils vivent, causede la plupart des bouchons qui impacteénormément leur chiffre d’affaires.
Un peu plus loin, avec tout cet embouteillage,certains ont aussi le courage de se garer. Et destransporteurs en commun n’ont pas de pointd’arrêt, tous les coins sont bons pour prendreun client.
Il est 14h derrière l’artisanat, une femmeassise devant ses marchandises étalées sur unenatte, une radio à côté, laissant entendre« Approchez ! Approchez ! ici c’est moinscher » Elle, c’est Teninba « je suis conscientedu danger que je cours mais je n’ai pasd’argent de me payer un magasin et pourtant jedois nourrir mes enfants. A chaque fois qu’unvéhicule s’approche de très près, j’ai peur pourmes enfants mais je n’ai vraiment pas lechoix » nous confie-t-elle.
Pendant que les uns prennent conscience dumal, d’autres se sentent totalement à l’aise.C’est le cas de Yougo qui déclare de n’y voiraucun mal en ce qu’il fait. Selon lui, payé lestaxes à chaque fois que les agents de la mairiepassent, suffit. Et ça témoigne leur citoyennetéet engagement pour le développement du pays.Cette occupation anarchique de la voie estdevenue un casse-tête dans la capitale pour lescitadins.
Du côté de certains chauffeurs de SOTRAMA,le calvaire se raconte aussi « on se demande sicette route est faite pour circuler ou pourvendre, nous ne contrôlons plus rien ici, on nepeut pas circuler librement par peur de toucherquelqu’un ». Avec colère, il continua « il n’y ades voies qu’on ne peut plus emprunter, c’estle cas du *place kôro* là-bas, nous sommesobligés de faire descendre les clients à michemin car la route est bloquée par lescommerçants surtout à l’approche des fêtes.Des voies libres se font rares dans la capitale.Entre sachet, déchets, ou le reste de nourriture,ce marché ressemble à un dépotoir, proliférantl’insalubrité à travers la ville.
A signaler que les opérations dedéguerpissement ont été menées par lesautorités à plusieurs reprises mais force est deconstater qu’il y a encore du chemin à fairepour la coquetterie de la ville des troiscaïmans.
Habibatou SANOGO