Tandis que le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, soutient que « la bonne tenue du référendum et des élections prochaines seront le baromètre de la réussite de la Transition » ; le gouvernement s’engage à tout entreprendre pour les réussir et annonce une nouvelle opération d’envergure, ‘’Tilé-Koura’’, non seulement pour lutter contre le terrorisme, mais également dans la dynamique de sécurisation de la tenue du référendum ainsi que les élections générales à venir, précise le Chef de l’État. Les maitres d’œuvre des prochains scrutins estiment qu’il n’y a aucun péril en la demeure et qu’un chronogramme électoral, outil par excellence de planification ne peut être verset de Coran
Recevant les vœux du gouvernement, le mardi 18 janvier dernier, le président Assimi Goïta a engagé, le gouvernement à bien aborder et réussir le virage électoral. «….. », dira-t-il.
Dans cette même veine, dans son adresse à la nation du 20 janvier 2023, il a annoncé une nouvelle opération, ‘’Tilé-Koura’’ dont la finalité est de permettre la tenue du scrutin sur l’ensemble du territoire.
Pour signifier sa volonté et sa détermination de ne rien épargner afin d’atteindre l’objectif global de sécurisation des personnes et de leurs biens mais aussi des prochains scrutins, le chef suprême de l’armée a procédé, jeudi dernier, à la remise de six avions de chasse et 2 hélicoptères de conception russe ; qui viennent s’ajouter aux «avions de chasse de type Soukoï 25, L39 Albatros, des hélicoptères de manœuvre MI8, MI24, MI8, MI176 et un avion de transport multi rôle de type Casa C295, pour renforcer les capacités aérienne et aéromobile ». Contrairement à 2018, il est fort à parier qu’il n’y aura pas de « manassage », pardon que l’insécurité résiduelle ne fera pas obstacle à la tenue des élections quelque part sur le territoire.
Mais seulement voilà. La nouvelle loi électorale adoptée le vendredi 17 juin 2022 par le Conseil national de la Transition (CNT), dans le désaveu total et hystérique du gouvernement, porteur du projet, s’avère incapable de permettre la tenue du référendum ce mois de mars 2023 conformément au chronogramme des élections, pourtant brandi par le même gouvernement.
En effet, le texte, adopté par les honorables membres du CNT, qui ont laminé le texte du gouvernement, exige la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) six mois avant le scrutin référendaire. Or, l’AIGE n’a encore fini de se mettre en place. Par exemple, pour la mise en place des démembrements de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), il va falloir l’adoption du nouveau découpage territorial par le Conseil National de Transition (CNT) et une révision de la loi électorale 6 mois seulement après son adoption. C’est du moins ce qu’annoncent les responsables de l’AIGE du bout des lèvres. Ils l’ont fait savoir ce lundi (23/01.23) lors d’une réunion du comité de pilotage du referendum et élections générales en présence du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation dans les locaux de l’AIGE. Son président, Me Moustaphe Cissé, dira sur le sujet qu’: «au titre de la mise en place de la coordination de l’AIGE, il y a lieu de signaler quelques contraintes liées à la perspective de l’adoption par le CNT de la loi relative à la réorganisation du territoire… Nous attendons l’effectivité de cette configuration du territoire pour mettre en place toutes les coordinations de l’AIGE, l’actualisation définitive du fichier électoral sur la base du nouveau découpage territorial ».
Quant au Ministre d’État, ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, s’il s’est voulu rassurant et surtout a voulu rassuré en lâchant que «les élections auront lieu aux dates indiquées », dans le respect du chronogramme électoral. Il a renoué vite avec sa rhétorique de la semaine dernière face aux partis politiques en n’excluant pas une éventuelle modification du Chronogramme des élections en cas de «difficultés» dans son application.
« Les élections auront lieu forcément. Les dates ont été proposées par un chronogramme. Et un chronogramme est un document de planification. Aujourd’hui, nous sommes à l’AIGE, c’est avec une grande satisfaction. Donc, s’il y a une modification, s’il y a des annonces à faire, nous vous reviendrons après avoir échangé avec l’AIGE avec l’autorisation des plus hautes autorités », précise-t-il. Toutes choses qui laissent les enchères largement ouvertes quant à la tenue ou non des prochaines élections selon le chronogramme du gouvernement. D’où la quadrature du cercle électoral.
Préjugeant l’option, le Cadre d’échanges des partis politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel et l’ADEMA-PASJ, dans un communiqué conjoint publié le jeudi 19 janvier, « affirment leur attachement, en toutes circonstances, à la réussite de la Transition, dans le strict respect des engagements souscrits par les autorités de la transition face au Peuple malien et à la Communauté internationale, fixant la fin de la transition à mars 2024 ».
Où est-ce que ce gap électoral pourrait nous conduire ? Au gouvernement d’anticiper, d’apaiser et de rassurer quant à sa volonté de ne pas prolonger ad vitam ad aeternam la Transition, et aux affidés de l’ordre constitutionnel de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’intégrer les paramètres objectifs liés à la situation concrète du pays. Aux Maliens de faire preuve de résilience, de solidarité et patriotisme. Le Mali ne se fera que par la somme de nos intelligences et non celle de nos divergences.
PAR SIKOU BAH