La salubrité constitue un élément important, une arme efficace dans la lutte contre le paludisme dans nos villes. Car, il est connu de tous que les lieux insalubres sont les principaux gîtes où les moustiques se reproduisent et prolifèrent. Le constat dans certains quartiers de Bamako prouve à suffisance qu’une frange des habitants de la capitale ne semble être véritablement pas consciente de cet état de fait.
Les tas d’immondices sauvages ainsi que les flaques d’eaux usées dans certains quartiers de la ville constituent non seulement des obstacles à la circulation par endroit mais aussi et surtout servent de lieux de reproduction par excellence des moustiques et autres espèces d’insectes. Aucun quartier ne semble épargné par le phénomène d’insalubrité. Qu’il s’agisse des quartiers du centre-ville, de la banlieue voire des villages environnants, les ordures et les flaques d’eau continuent de cohabiter avec les humains autour des maisons, des marchés, et même des bâtiments publics, comme les écoles, les centres de santé.
Le cas illustratif de ce mal-être c’est, les espaces verts réalisés à grand frais. Jadis bien aménagés et attrayants, ils offrent de nos jours un visage peu enviable, ils ont été transformés en urinoirs à ciel ouvert, en dépotoirs d’ordures par ceux-là même qui sont sensés en profiter. Ces places aménagées pour donner un cadre idéal de distraction et de détente aux jeunes n’est plus que l’ombre d’elles-mêmes. A cela s’ajoutent les multiples flaques d’eaux qui se forment après chaque pluie et qui se prolongent jusqu’à la fin de la saison des pluies.
Tous ces endroits et bien d’autres non encore cités sont aujourd’hui des lieux propices à la reproduction et la prolifération des moustiques dont on sait qu’ils sont les principaux agents vecteurs du paludisme, lui-même responsables de la mort des centaines personnes dans notre pays et des centaines de milliers en Afrique.
« Le paludisme est un ennemi tenace de la santé publique. En 2021, cette maladie a tué 619 000 personnes, dont environ 96 % vivaient en Afrique. Le paludisme est 6 à 20 fois plus susceptibles de se propager dans les environnements exposés aux moustiques que le variant Omicron du SARS-CoV-2 », avait déclaré la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti à l’occasion de la 16ème journée mondiale de lutte contre le paludisme célébrée le 25 avril dernier.
Dans ce contexte, l’information selon laquelle la communauté scientifique serait en train de développer un vaccin contre le paludisme était reçue avec une grande joie, surtout dans les pays africains où la charge palustre est élevée et où les conséquences sont des plus dramatiques.
Mais un vaccin seul ne suffit pas à combattre le paludisme qui a fait souffrir des millions de personnes et qui endeuille des milliers de familles.
L’assainissement de l’environnement immédiat est aussi primordial. Dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide contribue certes à la lutte contre le paludisme, mais les moustiques peuvent piquer à l’extérieur, donc la principale stratégie reste et demeure l’assainissement de notre environnement.
L’Organisation mondiale de la santé veut réduire de 90 % l’incidence du paludisme et de la mortalité associée d’ici à 2030. Mais ce vœu pieux de l’agence onusienne ne peut se réaliser que si les personnes, pour qui cet objectif est fixé, apportent leur contribution. Et cela passe nécessairement par l’assainissement de notre milieu de vie. La salubrité globale jouera un rôle clef parmi les stratégies.