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[BILLET FICTIF] TUÉ DANS UNE ATTAQUE ET OBLIGÉ DE RENDRE COMPTE DE SON VÉCU

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Dans ce billet fictif, Mikailou Cissé se met dans la peau d’un chef de village, mort lors d’une attaque. A son procès, dans le monde des morts, il fait le bilan de son règne, devant les patriarches. Un billet qui donne à réfléchir sur la lourde responsabilité d’être chef, surtout dans un pays où la sécurité reste encore un idéal.

« Garde permanemment à l’esprit qu’un jour, tu rendras compte de ta vie après que ton âme se sera échappée de ton corps. Et sache que la vie ne vaut rien et rien ne vaut la vie », a commencé par indiquer le chef de village mort lors d’une attaque. Un exercice auquel il s’attèle devant l’assemblée des patriarches, dans le monde des invisibles.

Le chef de village fait donc le récit de son vécu dans le monde des vivants. Une existence marquée par l’incompréhension de sa démarche par les autres, l’hostilité à toute option attentatoire à la vie. Il était mal-aimé au sein de ses paires.

« LE VILLAGE N’ALLAIT PAS TARDER À RECEVOIR DE LA VISITE »

Les choses suivaient leur cours normal dans le village. Les menaces et intimidations nous parvenaient à chaque fois qu’on essayait de vous consulter. L’atmosphère dans les environs sentait le sang et l’odeur de la mort.

Une telle mobilisation d’hommes hostiles à notre mode de vie en commun ne s’était jamais produite sur nos terres. Les choses se passèrent vite. Le village a été rapidement encerclé, peu avant l’heure du retour des champs.

Personne n’était en mesure de sortir ni rentrer sans qu’il s’attire l’attention d’un des geôliers postés à un point stratégique. Mais, par votre grâce, les choses se sont autrement passées.

Les artères peuplées, comme à l’accoutumée, en mépris des visites et messages de harcèlement et d’intimidation qui nous parvenaient de part et d’autre comme si nous étions dans la république, présageaient que « le village n’allait pas tarder à recevoir de la visite. » Les alertes étaient toutes de même nature. Et personne n’ignorait que quelque chose se tramait dans les environs. Toutefois si nous avions été écoutés, mieux entendus, tous ceux-ci pouvaient être évités.

NOTRE TERRE EST DANS UNE SACRÉE MOUISE

L’état de nos corps, à l’arrivée du cortège funèbre, témoigne de l’affront subi par la république. Et l’état d’esprit et des propriétés après les forfaits restent jusqu’ici ineffables.

Le chef de village s’est rappelé, au cours de ce procès, des derniers mots de son grand-père, avant sa mort : « Chef de village, on le devient. Il est un acquis sociétal. Personne ne réussira à l’assumer sans l’unanimité des autres. C’est également difficile de l’exercer sans l’accompagnement des ainés. Cela, quelle que soit la nature de ton leadership, de surcroit, dans une cité de négoce peuplée d’allochtone », avait laissé entendre celui-ci avant sa mort.

Jamais l’espoir ne s’était dissipé de nos démarches. Malgré qu’on ait su que quelque chose se tramait, personne ne s’est autant impliqué. Comme des bétails, nous avons été conduits à jamais hors du regard des femmes et des enfants. Et depuis, notre terre est dans une sacrée mouise.

Mikailou Cissé

Source : Sahel Tribune

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